dimanche 5 mai 2013

La société civile bâillonnée en Russie - Regard d'Anne Nerdrum, d'Amnesty International France sur le manque de liberté des ONG russes


      Les nouvelles lois adoptées depuis 2012 par les autorités russes pour museler la société civile ne sont que la suite d’une longue série visant à étouffer par tous les moyens l’expression des libertés fondamentales.
Ainsi, une loi sur les ONG avait déjà été adoptée en 2006. Celle-ci renforçait leur surveillance et permettait aux autorités d’ordonner leur fermeture, si elles ne se conformaient pas à ces nouvelles mesures.
 A la suite des manifestations massives d’opposants, protestant contre la façon dont s’étaient déroulées les dernières élections législatives de 2011, et l’élection présidentielle de 2012, accompagnée par une violente répression des militants, journalistes et défenseurs des droits humains, le pouvoir a eu un réflexe de défense ancien. En effet, déjà l'URSS pratiquait cette politique, à savoir celle d'inventer sans cesse de nouvelles lois, dictées dans l’urgence, pour contrecarrer les activités des dissidents.
Nous assistons aujourd’hui au même phénomène avec l’adoption de tout un arsenal de lois répressives envers la société civile: loi limitant la liberté de manifester, élargissement de la loi sur la trahison, loi sur la diffamation, sur la liberté de réunion, loi sur la surveillance de certains sites internet et enfin une nouvelle loi d’encadrement des ONG qui sont sommées de se déclarer comme "agents étrangers" à partir du moment où elles reçoivent de l’argent d’une "puissance" étrangère.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a adopté, fin mars 2013, une résolution condamnant la loi sur les ONG.
Fait sans précédent, l’ambassadeur de Russie en France a été convoqué et sommé de s’expliquer. La chancelière allemande Angela Merkel, elle,a protesté publiquement auprès du président russe, lors de sa récente visite en Allemagne.
Ajoutons que ces lois sont contraires à la Constitution et aux textes internationaux que la Russie a ratifiés. Avec cette nouvelle législation, ce pays s’éloigne chaque jour d’un véritable Etat de droit.